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Mali : « Anw Jigi Art », le théâtre autrement

www.noocultures.info – Créée en 2015 sous l’impulsion de la jeune comédienne, conteuse et metteure en scène Assitan Tangara, l’Association pour la Recherche Théâtrale Anw Jigi Art s’est engagée pour une redéfinition du rôle et de la place du théâtre au Mali. La Création et la diffusion de spectacles de qualité, la diversité de son champ d’intervention et l’innovation constante ont permis à l’association de se positionner sur les scènes théâtrales malienne et internationale.  

Alors qu’il éduque, sensibilise et invite à un changement de mentalités et de comportements, le théâtre manque de l’attrait au Mali. Ce désamour peut s’expliquer par le manque d’innovations et aussi le maintien du théâtre dans les carcans classiques qui l’empêchait de s’évader ou encore de se faire autrement, en s’adaptant à l’évolution d’une société en pleine mutation.

Anw Jigi Art, Association pour la recherche Théâtrale, une association artistique et culturelle qui intervient dans plusieurs domaines des arts notamment le théâtre et le conte, s’est donnée pour mission de changer la donne. «Nous sommes une dizaine d’artistes comédiens, danseurs, musiciens, conteurs, auteurs, techniciens, metteurs en scène,  vidéastes, sortis du conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako »,  confie Assitan Tanagra, directrice artistique de la compagnie qui aspire à « redonner de la vigueur au monde du spectacle vivant malien ».

Depuis sa création en 2015 sous son impulsion, Anw Jigi Art ne cesse d’occuper la scène théâtrale malienne à travers de multiples initiatives novatrices. Elle se forge également une solide réputation sur la scène de grandes manifestations culturelles et artistiques comme le FETCHAO au Sénégal, le Festival des émergences Arts et Racines du Niger, les Rencontres Internationale des Arts de l’Oralité (RIAO) au Benin, le FITMO au Burkina Faso, le FITHA en Côte d’ivoire ou encore le Festival N’Sangu Ndji-Ndji de la République démocratique du Congo.

La formation, une priorité

Etymologiquement Anw Jigi Art est un mot issu de la combinaison de deux langues : le bambara, une langue nationale du Mali et le français.  Le premier Anw Jigi signifie en français Notre espoir et Art est le diminutif  de l’Association pour la Recherche Théâtrale. « Le choix de ce nom réside dans sa signification qui définit l’art comme espoir pour un changement de mentalité dans nos sociétés» explique la directrice artistique. A l’en croire, cette appellation donne un double avantage à l’association qui créé et mène ses activités dans les deux langues.

Depuis ses débuts, l’association a mis en avant la formation. D’abord de ses membres qui sillonnent  le monde à la quête de connaissances et d’expérience, ensuite la transmission de leur savoir à la nouvelle génération d’acteurs qui aspire à une carrière artistique. Pour ce faire, l’association a mis en place des projets de formations à destination des enfants et des jeunes de certains quartiers défavorisés de la capitale malienne et ses périphéries.

Son projet Dégueli (apprentissage en français), un laboratoire de formation, de création et de diffusion de théâtre  avec des enfants de 12 à 18 ans, est une initiative qui cultive chez les jeunes la passion du théâtre. En outre, l’association initie en 2019, un projet de valorisation de la langue française intitulé Bamako fait danser les mots. Ce projet vise à initier les jeunes écoliers à la lecture afin de développer en eux le goût de la lecture et la fréquentation des bibliothèques.

En plus de la création, de la diffusion et de la formation, la compagnie  s’implique dans les actions sociales avec les animations et spectacles de contes qu’elle donne de façon ponctuelle dans les orphelinats et centres de prise en charge de personnes souffrants de déficience mentale de Bamako et environs. Aussi Anw Jigi Art mène des formations également avec les personnes handicapées moteurs de la région de Sikasso, une localité située à 375 kilomètres au sud-est de la capitale Bamako.

Théâtre social

Aussi Anw Jigi Art prolonge sa mission d’éducation artistique en allant jouer des contes en milieu scolaire (spectacle scolaire). Ces contes, issus de la tradition populaire, sont des outils de sensibilisation à l’art et aux questions sociales qu’ils transmettent aux enfants des écoles et lycées du Mali et de l’étranger.  Pour l’atteinte des objectifs  de démocratisation du théâtre, plusieurs initiatives ont vu le jour  comme le Théâtre de Maison, une diffusion de pièces théâtre dans les cours familiales de Bamako pour être plus proche de la population.  Un projet auquel s’est greffé un volet radiophonique  suite à l’apparition de la pandémie à coronavirus. «Populariser le théâtre afin qu’il joue pleinement son rôle d’éducateur, de sensibilisateur et amener la population  à voir clairement son utilité et son impact dans notre société tel est l’objectif du théâtre social», ainsi se résume l’approche de l’association.

Toujours dans cette optique de modernisation du théâtre, l’association  expérimente depuis quelques mois un nouveau concept dénommé Sotrama Kônô Baro, un théâtre qui s’invite dans les transports en commun au Mali, notamment dans les Sotrama, minicars de couleurs vertes qui sont les plus empruntés par les populations bamakoises.  Tous les sujets sociaux y sont abordés, sans tabou parfois. Par ce faire deux artistes s’infiltrent dans le Sotrama pour recueillir des informations qui seront ensuite dépouillées et mises en débat dans les grins et tontines des femmes qui réagissent sur le sujet absorbés.

En perspective, Anw  Jigi Art ne mangue pas d’initiatives. Deux nouveaux projets sont en gestation. Il s’agit de Fitinw Art  et Mousso Ya Guindo qui connaitront leur première édition cette année 2020.  Fitinw Art (arts pour les plus jeunes) est un festival destiné à dix écoles du quartier de Dialakorodji, un quartier populaire de Bamako. Un festival qui contribue à répertorier les souvenirs des enfants, offrir un espace d’échange, de partage et de divertissement aux enfants. « Un enfant sans souvenir est un adulte sans source d’inspiration. Nos souvenirs d’enfance nous chérissent et développent notre humanisme et notre empathie.» affirme Assitan.

Quant au second projet, Mousso ya guindo ou secrets de femmes en français, il est un spectacle qui mettra en scène un binôme de comédiennes professionnelles malienne et française qui se rencontrent pour créer une forme théâtrale dans le but de libérer la parole sur le corps des femmes au Mali et en France. « A travers le théâtre, il s’agit d’amener les femmes africaines et françaises à s’interroger sur leur vie hormonale en confrontant des points de vue d’Europe et d’Afrique, en partageant des histoires vécues, des différences de mentalités, des engagements au quotidien. Par le biais d’ateliers dans plusieurs localités du Mali, il s’agit d’abord de créer un espace pour libérer la parole et susciter la réflexion sur les premières menstrues, la première fois, le consentement, le désir de maternité, la ménopause » détaille  la directrice artistique de l’association.

Par Youssouf Koné(Collaboration) ©www.noocultures.info

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