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Un destin lié à la photographie

www.noocultures.info – Joannès Mawuna est un artiste photographe béninois. L’artiste a découvert sa passion pour la photo dès son enfance, et il en fait depuis toujours sa priorité. A travers ses œuvres, l’artiste s’exprime sur les réalités de la vie quotidienne des sociétés africaines.

Son amour pour la photo, Joannes Mawuna le tient de sa tendre enfance. Dès l’âge de 7 ans, il jouait à la photographie avec des cartons de sucre et autres objets qu’il bricolait lui-même. Cette passion ne l’abandonnera plus jamais. Il achète son premier appareil photo au cours secondaire à 10.000 f CFA, somme que son oncle lui avait donnée. Ainsi, à l’école, dans la rue, à la maison ou même à l’église, il faisait des photos un peu partout. Après son baccalauréat, parallèlement à ses études en Géographie, Joannès s’inscrit dans un centre de formation artistique en photographie.

« Je m’étais acheté, grâce à mon allocation universitaire, mon premier appareil photo numérique (finepix A900). J’ai obtenu, plus tard, une demi-bourse pour une formation en photographie et caméra vidéo. Au cours de cette formation, j’ai découvert l’univers de la pellicule et du  laboratoire pour photo noir-blanc. J’ai obtenu un Certificat d’Initiation à la Théorie du Photojournalisme », confie-t-il.

Malgré un diplôme de maîtrise en Géographie et Aménagement du Territoire, il n’a pas pu se faire un chemin autre que celui de la  photographie. Pour lui, « c’est la preuve que c’est la photographie qui m’a choisi à la base ; toute ma vie, elle m’a rejoint ».

Ainsi, la photo est devenue de manière incontournable un outil d’expression artistique pour Joannès Mawuna. Il s’en sert pour communiquer, sensibiliser, exprimer ses émotions… Ses œuvres sont souvent réalisées dans un environnement naturel et créent un lien avec les merveilles de la nature.

Le travail de Joannès

« Je fais découvrir de nouvelles choses aux amoureux de l’art photographique », Joannès Mawuna. ©DR

L’ensemble de son œuvre se construit à partir des réflexions poussées par son environnement, ce qu’il voit et constate autour de lui, ce qui se vit à côté, parfois un rapprochement entre le passé et le présent c’est-à-dire dans le vécu. Car, il y a des aspects de la nature qui ne paraissent beaux qu’à travers l’art photographique et il faut des gens pour les révéler. Et c’est en ce sens que les œuvres de l’artiste trouvent leur  particularité.

C’est une beauté que l’artiste observe avec beaucoup d’admiration et de questionnement. Parce que le monde est beau et il n’y a que les hommes qui le compliquent pour eux-mêmes, se dit-on face aux œuvres de Joannès Mawuna. Au bout de l’objectif de son appareil photo,  l’art est une manière de s’engager sur tous les plans parce qu’il traite de thématiques variées. Il est beaucoup plus libre dans le choix de ses thèmes et la manière de rendre son travail est beaucoup plus spécifique.

« Je fais découvrir de nouvelles choses aux amoureux de l’art photographique, je leur apporte plus d’informations intéressantes sur ce qu’ils pensent connaitre déjà. Mon travail a pour toile de fond la recherche », précise Joannès Mawuna.

Grâce à la qualité de son travail et son envie de communiquer avec un public plus large, Joannès Mawuna a participé à plusieurs expositions.

« Retour à l’immortalité »

L’engagement de Joannès dans la photo est, avant tout, une manière de raconter une histoire, de donner une information, de sensibiliser, d’immortaliser des événements, de rendre attrayant ce qui paraît inutile pour les autres. Joannès considère la photo comme un canal de promotion des réalités de son quotidien, du Bénin, de l’Afrique, de dénonciation et de tentative de résolution des problèmes autour de lui.

Joannès Mawuna s’inspire de ses expériences pour offrir à découvrir et faire comprendre certaines réalités sociales et culturelles enfouies. À travers sa série d’œuvres, « Les jumeaux : retour à l’immortalité », réalisée en 2016, l’auteur fait redécouvrir un pan caché lié à la gémellité. Dans la société africaine, les jumeaux représentent une divinité, un demi-dieu à qui des sacrifices se font pour demander la protection et surtout la paix. Morts ou vivants, les jumeaux vivent toujours et représentent un sacré dans une famille africaine. La tradition africaine consacre beaucoup plus d’importance à ces êtres. Cette série d’œuvres lui a permis de participer, pour la première fois à une exposition en
tant qu’artiste photographe.

Il a également réalisé d’autres œuvres sous plusieurs thèmes notamment « Flash-back », une série d’œuvres parlant des statues qui longent la route des esclaves au Bénin. L’artiste montre ici la place de ces statues dans la ville de Ouidah où elles sont érigées, mais laissées pour compte. La particularité de cette série réside dans le fait que l’artiste sensibilise sur l’entretien de ces œuvres monumentales et de toute œuvre de l’esprit réalisée dans l’espace public.

« Almajiray », est un projet photo sur les talibés à travers lequel Joannès montre leur vécu. Tabastaka aborde les liens sociaux de la Parenté à plaisanterie. Cette série de photos montre qui montre les rapports entre les ethnies du Niger et valorise la symbiose qui facilite la résolution des conflits entre ces peuples. Ces deux séries ont été réalisées à Niamey (Niger).

« Ne suis-je pas une femme ? »

« Ne suis-je pas une femme ? », série photographique de Joannès Mawuna ©DR  

Dernière série en date, « Ne suis-je pas une femme ? » est une recherche que l’artiste a commencée, depuis 2016, dans le cadre d’une résidence de création. A travers ce thème, Joannès met en lumière ces rares femmes qui exercent des métiers dits d’homme.

Le but de Joannès Mawuna est de sensibiliser les femmes sur l’opportunité qu’elles ont d’aller vers tous les métiers. « Ne suis-je pas une femme ? » est une série qui met une lumière sur la femme d’aujourd’hui, une “amazone”. Pour l’artiste, le choix d’un métier ne dépend pas de la force physique, mais celle mentale.

Cette série d’œuvres montre une femme âgée qui fait la soudure, une qui est conductrice de taxi-moto, une autre qui fabrique les marmites et une qui fait de la mécanique auto, etc. Ce sont des métiers généralement réservés aux hommes. Mais ces femmes ont su montrer la différence
et ont accepté de pratiquer de tels métiers avec dévouement. Sous les rayons d’une lumière blanche, ces œuvres photographiques donnent
un bon éclat. Elles interrogent le visiteur sur l’importance que chacun donne à la femme au sein de la société.

Unique garçon de sa mère, Joannès a grandi auprès d’elle avec ses deux grandes sœurs. Toute chose qui peut expliquer l’importance qu’il donne à la femme à travers ce thème. Il s’agit d’un hommage qui ne dit pas son nom. C’est à la suite d’une résidence de création d’un  mois, que l’artiste expose cette série « Ne suis-je pas une femme ? » à l’espace artistique “Le Centre” à Cotonou.

Julien Tohoundjo (Stagiaire / Bénin)
NB : Article produit dans le cadre de la 1ère session de la formation en critique d’art organisée par l’Agence Panafricaine d’Ingénierie Culturelle – APIC

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