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Burkina Faso : « Alors tue-moi », du théâtre de sensibilisation sur l’inceste

BURKINA FASO –  Si l’inceste demeure un tabou, ses conséquences sur ses victimes sont dramatiques. En représentation le 3 juillet 2022 à l’Institut français de Ouagadougou, « Alors tue-moi » sensibilise sur le fléau.

Écrite par Aristide Tarnagda et mise en scène par Noel Minougou, « Alors tue-moi » plonge le spectateur dans l’état psychologique de Solène (Adjaratou Sawadogo), abusée sexuellement par son père qu’elle a fini par tuer pour sa propre sécurité. S’étant retrouvée à la rue, Solène se prostituait et arrachait le sexe de ses hommes pour se venger de son père incestueux. « Ça me calme, ça me drogue, ça tue papa » disait-elle. Mais voilà bientôt sept ans que Sosthène (Kader Ouedraogo), son époux s’impatiente de faire l’amour à Solène. Cette dernière s’y oppose de peur de devoir le tuer.

« Alors tue-moi » questionne la place des violences sexuelles dans notre société, et particulièrement des incestes. Comment sont perçues les victimes ? Quelles sont les séquelles laissées à ces dernières ? Finissent-elles par devenir des bourreaux ? Peuvent-elles en guérir ? Une multitude de questions, la plupart du temps sans réponses, sur le phénomène le rend davantage tabou. Le profil psychologique de Solène renseigne sur l’étendue des séquelles laissées par ce qu’elle a subi. Mais paradoxalement, cela ne lui enlève pas sa part d’humanité face à son mari. Est-ce un début de guérison ?

Guérir des violences sexuelles n’est pas un processus facile. Et les victimes en guérissent rarement. Pour la militante féministe et professeure de droit tunisienne, Monia Ben Jemia, cette guérison passera par l’écriture avec la publication de son ouvrage « Les Siestes du grand-père » publié en 2021. Victime d’inceste de la part de son grand-père, Nédra, le personnage principal, n’a jamais pu en parler, dans une société tunisienne où le fléau faisait encore objet de déni. C’est aussi dans le militantisme et l’aide apportée aux victimes d’abus sexuels qu’elle se sent le plus à l’aise.

Au Burkina Faso, depuis l’inscription de l’inceste comme délit dans le code pénal, les langues se délient de plus en plus et on se rend enfin compte de l’étendue des ampleurs. Dans ce contexte, « Alors tue-moi » constitue un moyen de sensibilisation de masse. D’une part pour que les victimes silencieuses ne se sentent pas abandonnées, et d’autre part pour que les auteurs ne se considèrent plus comme « intouchables ».

La rédaction ©www.noocultures.info