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Madagaslam : Quand la passion pour le slam-poésie est au service d’un événement national

www.noocultures.info – Depuis quelques années, l’engouement des jeunes malgaches pour le slam n’a cessé de croître. En 2019, lors de la dixième édition du Slam National, la salle de spectacle de l’Institut Français de Madagascar (IFM), d’une capacité de trois cent places s’était vite remplie, laissant encore des mécontents derrières les portes. Pour la première fois, une file s’était formée devant le portail du centre culturel aux alentours de 11h alors que l’événement ne débutait que trois heures plus tard. Madagaslam organise maintenant depuis dix ans l’événement qu’on appelle le Slam National. C’est l’un des principaux événements culturels annuels de La Grande île. Il s’agit de regrouper les représentants de chaque région afin de les faire concourir pour déterminer le représentant de l’île à La coupe du monde de Slam, une compétition qui se déroule en France.

Slam-poésie : Ecrire et prendre la parole

L’histoire du slam à Madagascar débute en 2005. L’Institut Français de Madagascar (IFM), encore appelé Centre Culturel Albert Camus à l’époque, avait invité Pilot Le Hot expressément pour faire connaître à la jeunesse malgache ce nouvel art oratoire qui ne nécessite aucun accessoire. En 2007, l’association Madagaslam, composée de jeunes malgaches fut créée pour fédérer les slameurs de La Grande île. Cette association redouble de créativité pour amener de nouveaux jeunes à aimer cet art mais aussi à écrire et à prendre parole sur scène.

Comme Madagascar fait partie des pays caractérisés par la tradition orale, le slam-poésie ne pouvait pas déplaire à une jeunesse qui avait besoin d’un espace pour s’exprimer. De plus, cet art offre certains avantages : c’est à la fois un exutoire, un prétexte pour que des passionnés d’écriture se rencontrent, s’expriment, partagent leurs pensées, leurs aspirations ainsi que leurs sentiments. Dans le slam, les jeunes ont un public pour les écouter et ce n’est qu’au moment des compétitions qu’ils sont jugés sur leurs textes et leurs performances. En effet, tout au long de l’année, il y a les scènes ouvertes dans lesquelles il n’y a aucune pression. Ces scènes sont semblables à des moments de convivialité et de partage.

Le Slam National

Cette compétition nationale se définit également par une série d’ateliers autour de la présence scénique et de l’écriture mais aussi des rencontres entre passionnés d’écriture que ce soit entre les slameurs malgaches mais aussi avec des invités internationaux. Cet événement se déroule au mois de décembre de chaque année. Les organisateurs sont des passionnés de cet art qui s’investissent pour donner forme à cet événement. A chaque édition, toute la programmation est réalisée par de jeunes bénévoles. Ils coordonnent les différents spectacles et ateliers, ils organisent les conférences, définissent la communication ou encore la prise en charge du champion qui ira à La Coupe du Monde.

Une dixième édition particulièrement réussie

Même si à chaque fois la tâche est aisée, cela n’empêche pas l’association d’innover. Ce fut le cas tout particulièrement pour l’édition de décembre 2019. Il s’agissait d’une dizaine de jours de festivités avec un programme plus garnis que d’habitude : plus d’ateliers animés par les slameurs internationaux, plus de spectacles et plus de scènes dans des langues étrangères. En effet, avant 2019, la langue anglaise n’était pas dans le répertoire, il n’y figurait que le malgache, le français et l’allemand. L’une des principales innovations de 2019 a été la promotion d’un côté éducatif dans le slam.

En effet, cet art est aussi un vecteur d’informations. On peut dire que le slam est un médium qui permet de partager des idées avec des rimes ou encore de l’humour, en d’autres termes avec du style. Il est bon de profiter de l’audience de cet art oratoire pour des fins utiles. Le slam est un art pour que chacun puisse s’exprimer mais il s’agit aussi d’une discipline qui appelle naturellement l’auditoire à écouter celui qui se tient sur scène. Comme le dit Bini, l’un des organisateurs : « La poésie est un alibi ».

Mis à part cela, il y avait un autre aspect étonnant lors de cette dixième édition, le clou du spectacle était la venue du champion du monde du slam de 2019, le français Jérôme Pinel. L’association avait compris qu’il serait profitable de l’inviter et ce même avant qu’il ne remporte la coupe. Cela prouve que les organisateurs ont toujours de bonnes idées et qu’ils sont à l’affût pour réaliser la programmation la plus captivante possible.

Une année plus tôt, une autre star du slam avait été invitée : Souleymane Diamanka, un slameur franco-sénégalais. Et bien que cette édition fût très satisfaisante, les organisateurs n’auront de cesse de mettre la barre haute. C’est une association qui ne se repose pas, durant cette même année 2019, trois nouveaux foyers de slam ont été ouverts. Bini et l’équipe de Madagaslam font en sorte que chaque année le slam national soit une réussite. Grâce à cette association, Madagascar est toujours représenté à la Coupe du monde de Slam.

Par Niry Ravoninahidraibe (Collaboration) ©www.noocultures.info
Illustration : ©Sandy Henri Njaka

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