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Mawjoudin Queer Film Festival : l’art comme thérapie émotionnelle

TUNISIE – L’espace 42, lieu culturel situé dans le centre-ville de Tunis, a accueilli le 23 septembre dernier une performance artistique inédite dans le cadre de la 3ème édition du Mawjoudin Queer Film Festival (MQFF). 

Les festivaliers ont été conviés à assister à une performance artistique interactive des plus originales. Le Mawjoudin Queer Film Festival (MQFF) est un festival cinématographique annuel, crée en 2018, par l’association tunisienne Mawjoudin. Un événement culturel dont l’objectif est de célébrer la communauté Queer en Afrique du Nord en abordant des thématiques axées sur la question du genre et des sexualités non normatives.

Cette année, le MQFF a célébré sa troisième édition, du 22 au 25 septembre, et à cette occasion, le public a pu découvrir plusieurs œuvres cinématographiques mais également des installations artistiques. Les projets artistiques présentés comportaient une exposition et une performance qui se sont, toutes les deux, déroulées au sein de l’espace 42, espace culturel appartenant à la galerie d’art Central Tunis et localisée au cœur de la capitale.

Umar, artiste soudanais, a accueilli le public pour un moment de partage durant lequel il a présenté son projet intitulé « If you no longer have a family, make your own with clay » (« Si vous n’avez plus de famille, fabriquez-la avec de l’argile » en français). Une performance artistique qui allie installation et moment interactif avec les spectateurs.

« If you no longer have a family, make your own with clay » est une œuvre artistique inspirée d’un proverbe soudanais populaire. Ainsi, l’artiste présente le contexte de création de cette installation, le processus créatif et la mise en place de celle-ci aux festivaliers venus nombreux à l’événement. Il explique l’impact de ce proverbe sur sa personne et l’inspiration qu’il en tire lui permettant de créer cette installation / atelier.

De ce fait le public retrouve, au sein du vaste espace culturel dont l’architecture rappelle son passé d’ancien entrepôt, une multitude de statuettes en argile disposées autour de bougies. La galerie, uniquement éclairée à la lumière des bougies de l’installation révèle une ambiance intimiste et paisible. Dans les coins, des blocs d’argiles mis à disposition du public. Ces blocs constituent la partie interactive de la performance.

Les statuettes représentent les personnes ayant trahi ou fait du tort à l’artiste. Il explique qu’après avoir comptabilisé toutes ces personnes il arrive à un total de plus de 200 individus.  Un nombre important que le créateur a donc décidé de représenter, à travers plus de 200 petits personnages en argile, dans un but thérapeutique en suivant les dires du proverbe soudanais, inspiration de ce projet unique.

A la suite de la présentation de l’œuvre, le créateur invite son audience à faire de même et donc créer des personnages en argile. Les festivaliers disposaient de 50 minutes, et d’un silence apaisant, pour créer leurs personnages sans contraintes. Un moment suspendu, loin de l’agitation du centre-ville, avec les portes de l’espace fermées ne laissant passer aucun bruit extérieur, pour panser ses plaies émotionnelles dans le calme et le silence à la lumière des bougies.

« If you no longer have a family, make your own with clay », une performance artistique alliant installation et atelier créatif avec une vision nouvelle : l’art comme outil thérapeutique.

Meriem CHOUKAÏR (Stagiaire) ©www.noocultures.info