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« Créer est une chose. Promouvoir la création en est une autre », Emmanuel Tometin justifie DEKart Expo

www.noocultures.info – Alors que s’ouvre ce 25 mai 2021, à l’hôtel « Golden Tulip » de Cotonou, la première exposition de la nouvelle saison de l’Initiative DEKart Expo initié par l’entrepreneur culturel et fondateur de la plateforme dekartcom.net, Emmanuel Tometin, la question de la promotion de l’art contemporain béninois se pose à nouveau. Si depuis 2013, DEKart expo s’est révélée comme un expace de visibilité pour les artistes programmés, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une goutte d’eau dans un océan. L’initiateur en est conscient et propose.

 

En initiant DEKart Expo en 2013, vous avez fait le pari d’une meilleure visibilité pour l’art contemporain et les artistes d’une part et d’un rapprochement de ces derniers du public, le consommateur. Le pari est-il tenu ?

Nous avons l’impression d’avoir tenu le pari. En créant ce creuset, notre pari est de permettre à ces artistes qui produisent chaque jour des œuvres, les entassent dans leurs galeries et attendent d’exposer dans un centre comme l’Institut français, d’avoir d’autres alternatives. Le fait qu’il y ait très peu d’espaces qui peuvent accueillir ces œuvres nous a donc motivé à plus d’un titre.

Aujourd’hui, nous avons plusieurs espaces artistiques favorables à « DEKart expo ». Nous sommes convaincus que plus il y en aura, plus il y aura de la place pour d’autres artistes. En allant exposer dans les hôtels, l’objectif, pour nous, est également d’amener l’art vers la population. C’est une façon de créer un pont et de permettre à la population de connaître ces artistes et d’avoir la possibilité de visiter plus tard leurs ateliers. Nous créons ainsi un marché.

A vous suivre, l’un des problèmes de l’art contemporain béninois, c’est alors l’absence de marché ?

Vous savez, j’ai eu la chance de participer à la biennale des arts à Dakar en 2014, une année après avoir lancé « DEKart Expo ». A cette biennale, j’ai vu des expositions et deux choses m’ont marqué : l’exposition de Dominique Zinkpè et de Tchif. J’ai entendu des gens parler des artistes Béninois en des termes très élogieux. J’ai échangé avec Ludovic Fadaïro qui fait partie des pionniers de cette biennale. Nous avons tout chez nous et je ne peins pas en noir le secteur de l’art au Bénin. Nous avons de la richesse, de la créativité, tout ce qu’il faut.

La seule chose qui nous manque, c’est le marché. J’en suis convaincu. Faut-il forcément attendre l’Etat pour créer ce marché ? Je ne pense pas. Le marché dépend de tout un chacun de nous et c’est ce que nous sommes appelés à faire. C’est ce que nous faisons au niveau de “DEKart Expo”. L’art béninois vit. Il ne passe pas inaperçu, loin de là. Nos artistes ne quémandent pas. Leurs œuvres, leur travail méritent d’être vus et portés. Tous autant que nous sommes, il faut faire quelque chose pour investir dans l’art si l’on a l’idée d’innover. Cela pourra être profitable pour nous tous.

Pour en revenir à DEKart Expo, si l’initiative date de 2013, elle n’a pas toujours été constante…

En effet. Mais le fait de la relancer aujourd’hui, à cette période marquée par la pandémie de la COVID19 dit toute notre détermination à poursuivre notre objectif. En 2016, l’événement a été interrompu à cause d’un autre projet qui a vu le jour. En 2020, nous avons lancé un appel à candidatures à l’issue de laquelle une sélection a été faite.

Mais à cause de la crise sanitaire, nous avons été malheureusement contraints de le reporter. Cette année, nous avions prévu de lancer la saison en octobre prochain. Mais dans le cadre de l’organisation de la Semaine Afrique, « Golden Tulip », qui au départ, n’était pas sur la liste de nos partenaires, nous a sollicités. Nous avons évoqué ce projet d’exposition dans nos échanges et ils ont épousé l’idée, démontrant ainsi la pertinence de la démarche.

Emmanuel Tometin est l’initiateur de DEKart Expo depuis 2013 ©Darimage

Cette première exposition de la nouvelle saison montrera donc des œuvres de trois artistes bien connus dans le milieu.

Oui, en effet. Jusqu’au 25 juin, trois artistes seront exposés à travers leurs œuvres. Il s’agit de Charly Djikou, artiste sculpteur de pierre, Joannès Mawuna, artiste photographe et Eric Mededa, artiste plasticien. Mais la saison, c’est une succession d’activités sur plusieurs mois. Ainsi, de juillet à août 2021, nous tiendrons une exposition collective du projet « Sac au dos » qui est porté par Eliane Aïsso, Eric Mededa et Achille Adonon.

D’un autre côté, nous travaillons à entrer dans les banques, les agences de voyages et les concessionnaires automobiles, les sociétés qui ont un grand hall et des showroom bien visibles. Car nous comptons tenir plus d’expositions. Une chose est de créer, l’autre chose est d’arriver à en faire la promotion.

Comment choisissez-vous les artistes à exposer ?

Au début, nous avons fait une sélection parmi les artistes que nous connaissions et qui peuvent nous permettre, avec leurs talents, de lancer le projet. Par la suite, nous avons élargir ce projet à d’autres artistes et ce, grâce à l’accompagnement du plasticien Marius Dansou. Pour l’édition 2020, comme je l’ai dit plus haut, nous avons voulu impliquer d’autres artistes internationaux notamment du Togo et du Burkina Faso, par le biais d’un appel à candidatures. Mais la pandémie a ralenti notre élan.

Cette année, nous reprenons tout doucement en travaillant avec les créateurs locaux afin de bien nous relancer et pouvoir, en 2022, procéder par appel à candidature. Mais quel que soit le mode de sélection, le critère principal, c’est le travail. Il y a des artistes qui font des merveilles, mais qui ne sont pas bien connus ou vus. Nous n’avons pas le même regard qu’une galerie ou un espace culturel. Nous descendons à l’atelier, nous faisons le tri des œuvres à exposer. Une œuvre qui n’intéresse pas le grand public, peut être bon pour nous afin de faire la promotion de l’artiste et nous y arrivons toujours.

Interview réalisée par Julien TOHOUNDJO (à Cotonou) et Eustache AGBOTON  ©www.noocultures.info

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