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« Lingui, les liens sacrés » : le drame d’une mère célibataire

www.noocultures.info – Après le célèbre Festival de Cannes 2021, ‘’Lingui, les liens sacrés’’ de Mahamat Saleh Haroun est en compétition officielle section long métrage fiction à la 27è édition du Fespaco qui se déroule du 16 au 23 octobre dans la capitale burkinabè. Le film a été présenté en projection presse le mercredi 20 octobre au ciné Burkina. Grand coup de projecteur sur un film d’actualité qui évoque la condition difficile d’une mère célibataire dans une ville africaine et musulmane.

L’histoire va-t-elle se répéter pour Amina ? Mère célibataire et rejetée par toute sa famille et la société, elle est à son tour confrontée à un cas de grossesse précoce de son unique fille de 15 ans. Renvoyée du lycée pour son état de future maman pour « ne pas ternir la réputation de l’école », Maria doit affronter le courroux de sa mère à qui elle avait tout caché. Non seulement, la maman de la jeune lycéenne enceinte est malheureuse, mais elle se bat aussi désormais pour étouffer dans l’œuf cette nouvelle affaire. Dans ce quartier précaire de N’Djamena au Tchad, être mère célibataire n’est pas toléré car le poids de la religion musulmane et les coutumes africaines y sont encore présentes. L’avortement est également interdit par la loi. C’est l’histoire de ‘’Lingui, les liens sacrés’’ du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun, projeté en compétition officielle pour l’Etalon d’or du Yennenga du 27è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) le mercredi 20 octobre 2021.

Depuis qu’elle élève seule sa fille, Amina affronte les réalités de la vie à bras le corps. Pour subvenir à leurs besoins, elle fait un métier d’homme qui consiste à extraire des fils de fer dans des pneus usés pour en faire des fourneaux métalliques traditionnels mais améliorés. S’il n’en tenait qu’à ça, elle ferait avec. Mais une triste nouvelle est venue compliquer davantage sa vie : sa fille Maria porte une grossesse non désirée. Surveillée comme de l’huile sur le feu par son imam pour qu’elle prie pour se faire accepter dans la société, la jeune mère doit maintenant cacher la grossesse de sa fille. L’avortement est proscrit et être fille-mère n’est pas accepté dans cette ville tchadienne. Mahamat-Saleh Haroun a su utiliser la lumière pour montrer l’intensité de son message.

L’œil magique du cinéaste tchadien raconte avec de belles images et de manière éloquente ce sujet d’actualité, loin d’être un tabou. Que ce soit la nuit noire sur un pont de N’Djamena ou les ruelles à l’allure rupestre d’un faubourg, la force du film financé quasiment par des fonds européens, ressort dans la manière dont les scènes sont tournées. Comme dans ‘’Daratt’’ (2006), ‘’Un homme qui crie’’ (2010) ou ‘’Gris-gris’’ (2013), le réalisateur évoque dans son immense filmographie des sujets sociaux d’Afrique ou plus précisément de son Tchad natal. Et ’’Lingui, les liens sacrés’’, sélectionné au festival de Cannes 2021, ne fait pas exception.

C’est avec ce dernier long métrage qu’Haroun est venu chercher le grand Prix du Fespaco. Il a, en face de lui, 16 autres films de fiction qui concourent à la récompense suprême de la biennale cinématographique du pays des Etalons. Mais bonne nouvelle, le réalisateur prolixe est aidé dans sa tâche par le jeu fluide d’Achouackh Abakar (Amina) et Rihane Khalil Alio (Maria) qui portent avec magnificence, ce beau film. Seulement, elles parlent un français trop français dans ce long métrage tchadien.

Derrière la belle signature de Mahamat Saleh Haroun, se cache un fort message féministe ou d’émancipation de la femme. En tout cas, dans le long métrage, la femme s’engage, se prend en charge et affronte avec dignité et courage les préjugés ou la tradition qui ont la dent dure dans son pays. Amina assume fumer et ôte volontiers le voile portant obligatoire dans ce territoire musulman.

La projection presse de ‘’Lingui, les liens sacrés’’, a reçu un bon accueil des journalistes. Mais le film de Mahamat Saleh Haroun va-t-il convaincre le jury présidé par un le réalisateur Abderrahmane Sissako ?

Dintamouwan TANI (Côte d’Ivoire) ©FACC / NO’O CULTURES
Article rédigé dans le cadre de l’Atelier FACC / NO’O CULTURES / FESPACO 2021.
Atelier de formation en critique cinématographique et de production de contenus sur les cinémas africains, organisé à l’occasion de la 27è édition du FESPACO par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC) en collaboration avec le Programme NO’O CULTURES

1 Comment

  • OU avoiur le film u ai r de kora? MOssane? FRontieres pour un cours?

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