www.noocultures.info – La sirène du Faso -Fani est un film documentaire de 90mn, réalisé en 2013 par Michel ZONGO au BURKINA FASO. Dans ce film, le réalisateur nous dépeint les conditions dans lesquelles l’usine de textile Faso Fani implantée dans la ville de Koudougou a été fermée, en 2001. Muni de sa caméra, il va vers les ex-employés de l’usine, pour comprendre les raisons de cette fermeture brusque.
On est d’abord intrigué par le titre. « La sirène du Faso- Fani » fait en effet penser à ce bruit qui, chaque matin, résonne dans la ville de Koudougou. Elle marque les heures de pointe et sonne comme un appel au travail. Et justement, le documentaire nous parle des travailleurs, ou plutôt d’ex-travailleurs, ceux d’une usine implantée dans cette localité du Burkina Faso. Michel Zongo recueille, dans ce documentaire, leurs témoignages, visite leur quotidien et expose leurs souvenirs.
La caméra de Michel Zongo s’attarde sur les visages à travers les plans serrés du cinéaste permettant de percevoir les humeurs tels que la nostalgie, l’amertume, le regret et de la colère contenue de ces ex-employés Faso Fani qui raconte leurs difficultés. La plupart des séquences ont été filmées le jour, et offre ainsi une luminosité qui rend plus proche le téléspectateur des ressentis des personnages.
Les raisons de la fermeture sont évoquées à travers des archives audiovisuelles que le réalisateur introduit dans son œuvre pour amener le téléspectateur à mieux appréhender les choses. Selon la radio locale, l’usine n’a pas été fermée pour cause de faillite, mais plutôt à cause du programme d’ajustement structurel du FMI (Fonds monétaire International) mis en application par le gouvernement burkinabè. Les ex travailleurs sont laissés pour compte.
Le film présente ensuite les femmes tisseuses du Faso –fani, dont certaines ont dû embrasser ce métier après le licenciement de leurs maris. Le contraste est saisissant entre les hommes et les femmes ) travers plusieurs aspects subtilement mis en avant par le réalisateur : le gris et le sombre des hommes laissent la place aux couleurs vives des femmes, synonyme de gaieté. Une gaieté, empreinte de joie et d’épanouissement que nous montre Michel Zongo, à travers des plans larges.
« La sirène de Faso » est un film captivant, qui expose des émotions, dans un style assez familier. Et sa fin en en dit long, avec une bande son illustrative de la joie et de l’espoir de voir que des cendres de l’usine pourrait naitre une coopérative, pour perpétuer le savoir-faire des habitants de la localité.
Nadège NIKIEMA
Article rédigé à l’issue de la Masterclass organisée le 18 mars 2021 à Ouagadougou, dans le cadre de la Semaine Panafricaine de la Critique d’art sous la direction du critique de cinéma marocain, Cherqui AMEUR