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Koudougou / Faso Fani : la sirène ne brille plus

www.noocultures.info – Le 31 mars 2001, l’usine de Faso Fani qui faisait la fierté de la région du Centre -Ouest et aussi du Burkina Faso entier est liquidée suite aux recommandations de la banque mondiale. Conséquences, des centaines de travailleurs sont au chômage et des familles sont disloquées.  Le réalisateur burkinabè, Michel K ZONGO revient sur les circonstances désastreuses de cette liquidation à travers un long métrage de documentaire.   

Koudougou, localité située à 100 kilomètres de Ouagadougou est considérée comme la troisième ville du Burkina Faso surtout grâce à l’implantation d’une usine de manufacture dans les années 1960.  Depuis cette époque, la cité du cavalier rouge était la ville de production du Faso Fani (pagne du pays), identité et fierté du Burkina Faso. Cette ville où Michel K. Zongo est né et a grandi, se réveillait le matin au son de la sirène de l’usine.  D’où la justification du titre du film documentaire « La sirène de Faso fani » qu’il réalise en 2015 et primé au FESPACO de la même année.

Faso Fani était le projet d’une nation, encouragé par le président Thomas SANKARA et un symbole de « l’autosuffisance vestimentaire ». C’est donc à juste titre que Michel ZONGO débute son film par le discours du père de la révolution burkinabè prononcé le 29 juillet 1987 à la tribune de l’Organisation de l’Unité africaine (actuelle Union africaine) à Addis Abeba.

Mais depuis le 31 décembre 2001, l’usine a mis les clefs sous le paillasson. Le programme d’ajustement structurel du FMI a poussé l’Etat burkinabè a fermé définitivement l’usine et laissé les travailleurs livrés à eux-mêmes. Ainsi, des centaines d’employés se retrouvèrent brutalement au chômage. Plus de 10 ans après, Michel K. ZONGO, encore très jeune au moment des faits, nous ramène dans sa ville natale et dans cette usine qui a marqué toute son enfance.

A travers des gros plans bien éclairés, il recueille les témoignages des ex-employés de l’usine. On peut y voir tout d’abord, la fierté qui se lie sur leur visage quand ils se remémorent l’époque où ils y travaillaient. Cependant cette fierté prend brusquement fin et laisse place au regret du passé.

La bande son donne un ton particulier au film. Le film se déroule en plusieurs temps et Michel K.  ZONGO, à l’instar d’autres réalisateurs, utilise le son pour délimiter les temps : tantôt une voix off ; tantôt une radio ou même des images filmées directement sur un post téléviseur, un ordinateur ou une radio. Tout cela permet aux cinéphiles d’appréhender les raisons qui ont été à l’origine de ce désastre sociale.

Le réalisateur burkinabè revient également sur les luttes qui ont été menées par les travailleurs afin d’être rétablis dans leur droits. Il approfondi les choses images archives filmées à l’époque par les travailleurs eux-mêmes lors des marches de protestations.

En dépit de tout ce qu’ils ont traversé, pour bon nombre d’entre eux, la reprise de cette activité est encore possible. Cela ne serait-il pas juste un rêve au regard de la situation socio-économique du pays ?

Sita PARE
Article rédigé à l’issue de la Masterclass organisée le 18 mars 2021 à Ouagadougou, dans le cadre de la Semaine Panafricaine de la Critique d’art sous la direction du critique de cinéma marocain, Cherqui AMEUR

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