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Faso Fani : l’espoir repose sur elles

www.noocultures.info – Michel K. zongo est un réalisateur burkinabé reconnu pour s’être spécialisé dans les films documentaires. Son film « La sirène du Faso Fani », sortie en 2013, a été projeté dans la salle petit Méliès à l’institut français de Ouagadougou, le samedi 20 février  2021..

Les images sont parlantes et révélatrices. Dès le début du film, le réalisateur nous plonge dans un passé amer à travers une musique triste. Les images, majoritairement en gros plans, traduisent l’émotion réelle, le ressenti des personnages qui visiblement laisse transparaitre le regret, l’amertume, la douleur d’un passé qui pèse lourd dans le présent. Pendant les trente premières minutes, les personnages sont essentiellement des hommes s’exprimant sur leur situation. Les personnages sont présentés assis en gros plan ou en plan rapproché poitrine. Cela traduit l’inactivité, le repos, un sentiment où l’on se rabat sur son sort et où aucun espoir n’est possible.

Tous les personnages du film sont bien éclairés. Le réalisateur a voulu montrer toutes les émotions sans laisser de zone d’ombre. Aussi le mouvement de la camera dans son ensemble était majoritairement fixe.

Dans les trente dernière minutes du film, la femme est présentée sous un angle gaie et plus enthousiaste. Les plans larges ou encore rapprochés montrent la femme en activité en groupe. Elle est la source d’espoir car la tonalité des personnages rassure et apaise les douleurs. Elle est optimiste et courageuse. Cela se remarque à travers des gros plans avec des sourires qui traduisent l’espoir et la résilience. La musique de fin contrairement à celle du début est plus rythmée et donne plus de joie. Cela nous laisse deviner que la suite sera meilleure.

‘’Faso Fani’’ qui signifie le pagne du pays a été autrefois l’usine qui faisait de Koudougou, la ville textile du Burkina Faso. Mais en 2001, l’usine ferme entrainant plusieurs employés au chômage. Le documentariste s’emploie à montrer les conséquences et les effets de cette fermeture sur le patrimoine culturel et sur l’économie en général. Il donne à deviner sinon à voir, la réalité des employés qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage et dépossédés de leur savoir-faire. Cette situation malheureuse démontre le savoir-faire inexploité dans une ville qui en besoin. Le réalisateur nous livre un témoignage qui sans doute laisse voir les politiques publiques ignorantes des réalités locales.

Ainsi, ce documentaire est une œuvre particulièrement intéressante dans la mesure où les images présentées sont bien choisies et donnent des idées. Il faut croire que l’auteur a su ressortir le contraste entre les hommes et les femmes. On sort de ce documentaire avec l’idée que tout est encore possible quand la femme y croit. Les interviewés et anciens employés de Faso Fani croient et sont optimistes de pouvoir un jour entendre de nouveau la sirène de l’usine retentir.

Harouna NEYA
Article rédigé à l’issue de la Masterclass organisée le 18 mars 2021 à Ouagadougou, dans le cadre de la Semaine Panafricaine de la Critique d’art sous la direction du critique de cinéma marocain, Cherqui AMEUR

 

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