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BISO 2021 : l’« ambiguïté humaine » vue par trois artistes

www.noocultures.info – Pour sa deuxième édition qui s’ouvre ce jour dans la capitale burkinabè, la Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou – BISO –  expose une vingtaine d’artistes plasticiens d’Afrique. Parmi eux, trois proposent, à travers leurs œuvres, une lecture de « l’aventure ambiguë », thème de cette édition. Si leurs techniques semblent distinctes, Indépendance Dougnon du Mali, Charly d’Almeida du Bénin et Boureima Ouédraogo du  Burkina Faso, s’accordent sur la complexité de l’être.

Sur les notes du titre éponyme « No woman, no cry » du célèbre artiste de reggae jamaïcain Bob Marley, elle coupe puis pose le ruban de mesure sur une plaque de bois. A fond dans sa tâche, la musique lui sert de socle de concentration. La Malienne Indépendance Dougnon, réalise ainsi une marche infinie, dernière partie de sa sculpture intitulée ‘’ La destinée’’. Elle interroge le symbolisme de la vie humaine : naître, grandir et mourir. En utilisant des matériaux comme le fil de fer, le ruban à couture et le plâtre, elle dépeint comment les expériences passées contribuent à forger le présent et à appréhender le futur.

Et pour les couleurs, le jaune pour traduire l’espoir, le vert pour les expériences, le bleu pour la sagesse et la justice, le rose pour la passion. Multicolores, les rubans recouvrent le corps d’une femme pensive. « La destinée » met en avant l’aspect cathartique du passé qui permet à l’individu d’accéder à la compréhension de lui-même pour mieux se construire. En somme, la connaissance de notre passé nous permet de nous libérer en nous retrouvant dans le présent et dans l’avenir avec la pleine lucidité de ce que nous sommes et la raison pour laquelle nous le sommes. Pour la jeune artiste malienne, l’ambiguïté de l’existence humaine est ainsi dépeinte.

L’artiste malienne Indépendance Dougnon pendant ses premiers jours de résidence à l’Institut français de Ouagadougou ©BISO (Page Facebook)

Cette ambiguïté, l’un des pionniers de l’art contemporain béninois, Charly d’Almeida la comprend autrement. En effet, dans une démarche profondément marquée par la culture africaine à laquelle il se dit très attaché, le sculpteur et peintre béninois réalise des sculptures abordant les relations humaines. Dans les séries « Métissage 1 et 2 » qu’il propose à la BISO 2021, les notions d’équilibre, d’expansion, de dynamisme psychique, d’ascendance, de survie, … se présentent. Ainsi, avec des assemblages d’aluminium, de fer ou d’alliages d’autres métaux de récupération, l’artiste façonne des formes et en tire des sculptures intemporelles et destinées à défier le temps. Le tout associé à des couleurs inhérentes à la culture africaine : le vert, le jaune et le rouge.

Le métissage, cette richesse humaine…

Très ancré dans sa culture, Charly d’Almeida n’en demeure pas moins ouvert sur le monde et les problématiques actuelles. C’est le cas de ‘’Métissage 1’’, une critique de la perte d’identité à l’image du personnage principal Samba Diallo de l’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane. Loin de considérer cette perte comme une fatalité, ce personnage y voit la naissance d’un métissage. Les visages d’origines diverses symbolisent de ce fait ce choc de civilisations occidentale et africaine perçu par le sculpteur comme une richesse. En un triptyque indissociable, Charly d’Almeida oblige ainsi le spectateur à digérer ces trois œuvres en une seule composition, comme pour rappeler la nécessiter de fusionner chacune de nos cultures pour en garder le meilleur.

Un aperçu des créatures hybrides en bronze créées par le sculpteur burkinabé Boureima Ouedraogo ©BISO (Page Facebook)

Autre artiste, autre approche. Le sculpteur burkinabè Boureima Ouédraogo est bien la preuve que l’art est une extériorisation des sentiments, de revendication et d’épanouissement. Dans une démarche contemporaine, il questionne aussi la condition humaine avec son œuvre ‘’Qui suis-je’’ proposée à la BISO 2021. Des personnages hybrides mi-homme, mi- animal comme pour traduire la complexité, l’ambigüité et l’ambivalence de l’homme. Peut-on finir de connaitre l’homme ? Peut-on se connaitre soit même ? s’interroge-t-il. Inspiré par les conflits et la situation sécuritaire de son pays, Boureima Ouédraogo exprime une vision particulièrement pessimiste de l’homme. Ces œuvres rappellent aisémentThomas Hobbes pour qui « l’homme est un loup pour l’homme ». L’homme est d’abord en danger permanent tout en étant un danger potentiel pour les autres. Comment ne pas s’interroger sur l’avenir de l’homme aux travers des œuvres de ces trois artistes ?

Samira Lydivine Samandoulgou ©www.noocultures.info

Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou – BISO
Exposition internationale à l’Institut français de Ouagadougou
08 octobre au 06 novembre 2021

Affiche officielle de la BISO 2021 ©DR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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