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4èmes Journées Chorégraphiques de Carthage : Yvann Alexandre revisite le « lac des cygnes »

TUNISIE – Le chorégraphe français, Yvann Alexandre, a présenté au public de « Carthage Dance » sa création intitulée « Se méfier des eaux qui dorment », mardi 14 juin au soir au théâtre du 4ème art. Une œuvre scénique contemporaine aux inspirations classiques empruntées au « lac des cygnes », qui a su charmer le public.

Yvann Alexandre, chorégraphe de renom, est par ailleurs l’un des pionniers de la danse abstraite, créant ainsi, à travers ses créations, des tableaux dansants ouverts à l’interprétation de chacun. Pour sa première participation aux Journées Chorégraphiques de Carthage (JCOC), le chorégraphe présente sa dernière œuvre intitulée « Se méfier des eaux qui dorment ». Une œuvre qui récite l’histoire de la libération du corps et l’envol de celui-ci d’un état d’enfermement vers un état d’affranchissement. Une invitation à être ouvert au changement et à ses différents aspects, aussi bien positifs que négatifs.

Le spectacle a, par ailleurs, déjà été représenté au niveau international, depuis sa création en 2021, mais cette représentation se dégage du lot de par le parcours mené par le chorégraphe et sa troupe de danseur pour la mise en place de celle-ci.

Pari réussi

L’œuvre, dans son ensemble, a été une expérience d’adaptation au changement. Le titre du projet scénique est donc en accord avec l’expérience de création et de mise en place de cette œuvre aussi bien originale qu’inattendue. Bien que la chorégraphie soit, pour la majeure partie, scénarisée, celle-ci inclus des fragments d’improvisation.

En effet, le chorégraphe a fait face à plusieurs obstacles au niveau de la mise en place de sa troupe de danseurs. Yvann Alexandre a confié au public, avant le début de la représentation, et par la suite lors du débat de clôture du spectacle, qu’un des danseurs du groupe initial n’avait pas pu les accompagner ayant été testé positif au Covid-19. Un obstacle auquel l’artiste remédie en incorporant, le jour même, trois danseurs tunisiens à la représentation. Les fragments auxquels ont été incorporé les trois danseurs ont donc été réécris pour être des parties d’improvisation, créant une version authentique de l’œuvre : une version spéciale pour le festival.

Cependant, un nouvel obstacle se dresse devant le chorégraphe et les interprètes, et non pas des moindres : celui de la mise en accord de tous pour les nouveaux fragments d’improvisation. C’est donc à ce moment que la puissance et l’universalité du langage de la danse est observable. En effet, le langage de la danse ne repose pas uniquement sur l’action de danser et s’imprégner de la musique. La danse est un langage à part entière aux différentes tonalités. Celui-ci repose, certes, sur une appropriation et une compréhension de la musique mais également une appropriation de l’espace qui nous entoure à la suite d’une discussion avec ses collègues et la compréhension de son partenaire pour pouvoir coexister et s’imprégner de l’espace de façon complémentaire et fluide. Ainsi, avec trois heures et trente minutes de répétition, les danseurs, anciens et nouveaux, ont dû faire place à la compréhension et à l’écoute pour obtenir un spectacle fluide et sans quiproquos.

Une ovation du public, lors du salut final, qui traduit la réussite du travail des danseurs mais notamment la réussite du risque pris par le chorégraphe quelques heures avant la représentation.

« Lac des cygnes »

Le chorégraphe a, de plus, fait le pari de revisiter l’une des références du ballet, « le lac des cygnes », à travers son travail chorégraphique abstrait. Une création contemporaine aux nuances scénographiques classiques incorporées dans les lumières, les costumes, la musique etc. En effet, depuis les débuts de sa carrière, Yvann Alexandre rêve de revisiter ce classique de la danse. Les références à l’œuvre de Reisinger et Tchaïkovski se trouvent, ainsi, aussi bien dans les mouvements de danse que dans la composition musicale etc. A travers un travail chorégraphique, Yvann Alexandre remet ainsi au goût du jour certains mouvements emblématiques de la danse des cygnes, notamment durant les fragments de groupe.

La patte de l’artiste chorégraphe se ressent également dans le choix des costumes. En effet, les rencontres humaines et l’individualité de chacun sont au centre de son processus créatif. De ce fait, le choix des costumes est hétérogène, que ce soit au niveau des types de vêtement ou encore celui des couleurs. Une différence qui prend la forme d’une métaphore scénique pour les différentes personnalités des danseurs qui composent la troupe, un clin d’œil à leur individualité. Notons que le travail de mise en scène s’est également basé sur la personnalité de chaque membre du groupe, faisant ainsi transparaître leurs personnalités dans leur interprétation. Un aspect scénographique en contradiction avec le côté classique du ballet de référence où l’individualité n’a pas sa place.

Quant à la musique qui compose l’aspect le plus célèbre du « lac des cygnes », le chorégraphe a travaillé en collaboration avec Jérémie Morizeau pour la création d’une composition originale. Les deux artistes ont, à l’aide des archives du Musée d’Ethnographie de Belgique (MEG), institution qui est également leur partenaire dans cette aventure, créé une composition étonnante. Les sonorités empruntées au MEG ont ainsi été puisées dans les archives de sonorités amazoniennes, avec les bruits des lacs, des forêts, des animaux etc. De ce fait, la harpe, élément important du ballet du « lac des cygnes », a été remplacée par le bruit de brossage de la carapace d’une tortue. Le bruitage, fruit de cette action, ressemble et rappelle donc la mélodie de la harpe. De plus, le son d’une voix masculine au début permet de commencer, d’ouvrir la représentation. La voix agit, et représente, la permission de passage à l’interprétation de l’œuvre. Une modernisation du ballet classique où chaque détail a été pris en considération.

Meriem CHOUKAIR, Stagiaire ©www.noocultures.info

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